Compte rendu de notre réunion publique sur la sécurité
Sur l’invitation du parti socialiste de Gagny, nous étions une cinquantaine mardi soir à la salle Émile Cossoneau pour discuter et échanger sur les thèmes de la sécurité et de la prévention.
Il y avait du monde pour parler sécurité à Gagny
Comment peut on prôner le mieux vivre ensemble si les gens ne se sentent pas en sécurité ? Une question très importante à l’approche des élections municipales et des choix qui en découlent. Bien évidemment, la sécurité est une mission de l’Etat, mais lorsque les habitants rencontrent ses difficultés, c’est le plus souvent vers le maire qu’ils se retournent. La loi prévoit d’ailleurs que ce dernier puisse piloter la politique de sécurité sur le territoire de sa commune.
Les axes pour lutter contre la délinquance existent, avec trois approches :
– la prévention
– le traitement des causes
– la répression
Ces axes sont nécessaires, mais du temps de Sarkozy, la répression c’est imposée.
Or je pense qu’il faut traiter les causes ! « Comment faire pour qu’il y ait moins de gens qui commettent des délits, qui aillent mal, qui soient exclus ? »
Il ne faut pas se laisser piéger par le renvoi de la part des sécuritaires qui nous traite d’angélisme. Il n’y a aucun angélisme à réfléchir, analyser, comprendre !
Il n’y a pas de réponse politique immédiate à un fait divers s’il y a infraction à la loi. Nous ne sommes pas juges en tant qu’élus, mais politiques. Ceux qui prétendent avoir la réponse politique sont des démagogues populistes et sécuritaires.
Leurs propositions demeurent simplistes, comme la vidéosurveillance ou l’armement de la police municipale : on ne répond pas à des problèmes de vie humaine et malaise social par des solutions techniques ! Au contraire, pour traiter ces causes, il faut nous retrousser les manches, travailler, être innovant.
Dès le début du mandat municipal, il nous faudra repenser le Contrat local de sécurité, cosigné par le Préfet, le Procureur, les services de l’Etat (Éducation nationale, Police nationale), le Conseil général et la ville, en déclinant le contrat en fiches actions afin de mieux définir les partenariats à mettre en place pour chaque action et faciliter leur réalisation. Ce contrat doit poser le cadre indispensable pour que la ville jour pleinement son rôle dans la prévention des incivilités quotidiennes qui génèrent un sentiment d’insécurité.
Ainsi, la réflexion et la volonté politique de la ville peuvent ainsi permettre de définir les axes prioritaires de travaille. Par exemple :
- Cadre de vie, gestion de proximité et prévention routière
- Aide aux victimes et accès au droit, renforcement des actions à destinations des femmes victimes de violences
- Actions en faveur de la jeunesse
- Développement des mesures alternatives à l’incarcération (TIG, stage de citoyenneté) et prévention de la récidive.
- Accès au droit et actions de sensibilisation aux questions de justice
En parallèle, la ville doit avoir un partenariat fort avec la police nationale pour faire connaitre les problèmes de sécurité. Elle peut aussi agir auprès des habitant-es pour prévenir les incivilités quotidiennes qui génèrent un sentiment d’insécurité. Créons un service de médiation social municipale pour gérer les conflits au quotidien et obtenir le calme auprès des groupes occupant l’espace publique. Et là, en étant innovant, nous pouvons compléter cela par un dispositif impliquant directement des habitant-es volontaires.
Par exemple, un groupe constitué d’une vingtaine d’habitant-es formés par la ville à la médiation. Ils n’interviennent pas dans le champ de la tranquillité publique mais dans celui de la cohésion sociale. Ils aident les habitants à résoudre leurs conflits de voisinage.
Gagny peut ainsi s’attacher à proposer une politique de tranquillité publique durable.
Faisons le pari d’impliquer des habitants volontaires pour agir au quotidien, avec des formations de qualité et un encadrement professionnel.
Un petit point maintenant sur la vidéo surveillance.
Je n’ai pas d’opposition dogmatique à la vidéosurveillance, appelé pudiquement vidéoprotection, je pense qu’elle peut être pertinente dans les endroits clos (parking, gymnase…). Mais j’émets de fortes réserves pour trois raisons :
- l’inefficacité, plusieurs études l’ont démontre, on assiste à des déplacements de la délinquance
- le coût ; l’installation d’une caméra coûte environ 36 000 euros
- l’atteinte aux libertés, le risque existe, la loi encadre la lecture des images, mais on a trop souvent constaté des dérives.
La question de la création d’une police municipale a été posée. Ce qui est intéressant, c’est de savoir ce qu’on met derrière ce terme « police municipale », en d’autres termes, quelles doivent être ses missions. On constate aujourd’hui deux modèles types de polices municipales :
- Une « autre police » : prévention, dissuasion, assistance, dialogue
- Une « sous-police » : plus active, avec armement, brigades spécialisées.
Vous avez surement deviné que ma préférence va vers la première…
Ainsi, la police municipale peut permettre la mise en place d’une réelle police de proximité, plus proche des habitants.
Pour conclure
Le message que j’ai souhaité faire passer lors de cette soirée, c’est que mettre un système de vidéosurveillance sur une commune ou armer des policiers municipaux permet à des maires d’avoir un bilan et d’apporter une réponse générale à des problèmes de délinquances différentes.
Alors que je pense qu’il faut apporter une réponse spécifique à chaque problème : les méthodes de concertation, en utilisant des visites de quartier avec les habitants peuvent donner des résultats intéressant. En effet, on peut s’apercevoir que des réponses relèvent parfois plutôt des services techniques (éclairages, encombrants, circulation…) que de la police. D’où l’importance d’un dialogue entre acteurs, et avec la population facilité par la mise en place de référents par quartiers.
- Il est également important de favoriser la réappropriation par les habitants des espaces publics et éviter leurs désertifications. La prévention situationnelle et la contribution de l’urbanisme ne sont souvent vues que sous l’angle sécuritaire (caméras, barrières, bancs anti-SDF), alors même que l’appropriation d’un espace -agréable- par les habitant-e-s est indispensable. La encore, les services techniques municipaux et la rénovation urbaine sont importants.
- De même, l’ouverture plus importante des équipements municipaux et le tissu associatif sont des alternatives à l’occupation d’espaces publics.
Aurélien Berthou